Les troubles du spectre autistique - TSA

Ma pratique actuelle concerne d’abord des enfants, adolescents ou jeunes adultes porteurs d’un TSA (Trouble du Spectre Autistique), leurs parents, leur fratrie et leur milieu scolaire ou professionnel.

 

Bien souvent, il s’agit de mettre en évidence ce Trouble du Spectre Autistique, ce qui nécessite des évaluations diagnostiques spécifiques comme l’ADOS (Autism Diagnostic Observation Schedule, ou Echelle d’Observation pour le Diagnostic de l’Autisme) et l’ADI-R (Autism Diagnostic Interview-Revised, ou Entretien de Diagnostic de l’Autisme, version revisée) dont les résultats sont confiés au pédopsychiatre de l’enfant qui est le seul habilité à poser un diagnostic. 

Ensuite, il s’agit de déterminer le contour précis de ce TSA avec des évaluations fonctionnelles et/ou psycho-cognitives, pour mieux définir la stratégie psycho-éducative nécessaire et la guidance parentale. L’épreuve de la Vineland (Vineland Adaptative Behavior Scale), est donc régulièrement proposée sous la forme d’un entretien semi-structuré administré aux parents afin d’évaluer la maturité sociale. Elle est conçue pour évaluer le comportement adaptatif dans les domaines de la socialisation, de la communication, et de l'autonomie de la vie quotidienne. Le PEP-3 (Psychoeducational Profil-3), outil spécifiquement conçu pour les enfants présentant un développement atypique est proposé pour les enfants les plus jeunes. Il permet d'évaluer leurs niveaux développementaux et adaptatifs et d'identifier les domaines de compétence, les difficultés d'apprentissage et les capacités émergentes. Des échelles d’intelligence comme le WISC-V (Wechsler Intelligence Scale for Children-IV) ou le K-ABC II (2008 - KAUFMAN A.S ; KAUFMAN N.L) pour les enfants, ou la WAIS IV (Wechsler Adults Intelligence Scale) pour les adultes, sont alors utilisées et fournissent des informations incontournables pour les adaptations scolaires ou l’orientation du suivi méthodologique et métacognitifs des apprentissages. Enfin, des outils spécifiquesviennent mettre en évidence les forces et les faiblesses dans les domaines des habiletés sociales et des compétences en théorie de l’esprit qui permet de comprendre les états internes, les motivations, les implicites,le second degré, etc. Il peut s’agir des épreuves de pré-requis aux habiletés sociales de la NEPSY II (2012 - KORKMAN M. ; U. KIRK ; S. KEMP Adaptation française ECPA), de la TOM 15 qui évalue les fausses croyances, du test des visages, du test de reconnaissance des faux pas ou du test des histoires étranges revisitées.

 

Selon les profils des enfants porteur d’un TSA, et selon les souhaits de leurs parents, différentes propositions de suivi psycho-éducatif peuvent être faites. Avec les enfants non verbaux, je participe à la mise en place du PECS (Système de Communication par Echange d'Images) et accompagne les parents dans leur utilisation à la maison. Il s'agit d'inciter à la communication avec autrui, moyennant des échanges d’images, et de soutenir ainsi le développement du langage oral, en s’appuyant sur le traitement visuel extrêmement performant chez les personnes autistes. Pour les enfants ou adolescents déjà inscrits dans le langage, je propose un travail sur l’autonomie de la vie quotidienne puis un travail individuel sur l'estime de soi et sur les prérequis au groupe d'habilités sociales. En s'appuyant sur les particularités de fonctionnement cognitif, nous identifions les forces de la personne qui sont à l'origine de l'estime qu'elle a d'elle-même et les renforçons. Nous travaillons aussi les émotions, les prémices des habilités sociales et la capacité à demander de l'aide. En effet, savoir différencier les choses que l'on sait bien faire, de celles pour lesquelles on a besoin d'aide, est un atout pour l'autonomie à venir. Souvent, il faut aussi intervenir sur le champ scolaire, directement auprès du jeune et de sa famille et aussi auprès des enseignants. Pour ce faire je propose un accompagnement méthodologique et métacognitifs des apprentissages, basés sur les informations mises en évidence par les différentes évaluations. Il s’agit alors d’apprendre à apprendre, en s’appuyant sur ses forces, pour réduire ses faiblesses. Il faut aussi adapter en fonction des particularités autistiques afin de rendre les efforts de l’enfants moins couteux et directement efficents. Les rencontres avec les enseignants visent à expliquer l’autisme, hiérarchiser les priorités, fournir des outils que l’enfant utilise déjà à la maison et qui facilitent le travail à la fois pour l’enfant et l’enseignant et me mettre à disposition en cas de besoin. Si la personne atteinte de TSA est en démarche d’insertion professionnelle, il s’agit alors de rencontrer les tuteurs d’alternance et les collègues professionnels de la même manière pour expliquer et donner des repères facilitant une meilleure compréhension et interaction.

 

Vient alors la proposition du groupe d’habiletés sociales dès qu’un certain nombre de prérequis sont acquis en travail individuel. Il s’agit d’un groupe psychothérapeutique de petite taille (de 3 à 5 personnes maximum) car ce travail très difficile vient toucher le cœur du handicap autistique. Le groupe, en soi, n’est pas la solution, sinon l’école aurait déjà réglé le problème. Mais le groupe permet de rencontrer des pairs et de voir que je ne suis pas le seul à avoir un TSA et des difficultés à me faire des amis. Le groupe, par son effet miroir, facilite la prise de conscience des choses qu’il faut que je change, car les voir sur l’autre est bien plus aisé. Au Cabinet Paroles et Pictos le groupe n’est pas seulement un endroit de transmissions des connaissances sur les habiletés sociales, c’est avant tout un lieu où nous essayons de les pratiquer ensemble. Se dire bonjour et au revoir, choisir une chaise, se présenter, respecter différentes règles de vivre ensemble, connaître et nommer ses émotions, raconter ce qu’on a fait le week-end dernier, poser des questions à celui qui raconte, jouer ensemble, mieux comprendre et réagir dans différentes situations sociales, etc.. D’ailleurs, il y a nécessairement un temps de reprise individuelle de ce qui s’est déroulé dans le groupe de la semaine précédente. Cette régulation individuelle des habiletés sociales permet de fournir des explications sur ce sui n’a pas été perçu ou compris, de proposer des scénarii alternatifs et de réfléchir à un positionnement différent. Quand les jeunes ont acquis un premier palier dans les habiletés sociales que l’on peut constater dans le quotidien de la maison ou du collège, je leur propose un groupe d’affirmation de soi qui leur permet d’aller plus loin dans une communication efficace. Ils s’entrainent donc à exprimer leurs émotions avec aisance, à défendre leur point de vue, à faire respecter leurs droits, tout en respectant ceux des autres.

 

En ce qui concerne les jeunes adultes récemment diagnostiqués, la proposition associe des rendez-vous individuels permettent de mettre en mots ce handicap nouvellement étiqueté, de mieux le cerner, de comprendre comment le réguler et un groupe de paroles pensé comme un espace de ressources pour ces jeunes qui s'y retrouvent, échangent et se soutiennent. La principale force du groupe réside dans le fait que les différentes personnes qui le constituent, bien que vivant des situations qui se ressemblent, n'en sont pas au même moment sur leur parcours. Ainsi, les difficultés des uns se trouvent être les réussites des autres ce qui permet de reprendre pied et de trouver des idées auxquelles on n'aurait pas pensé seul. 

 

Afin de faciliter l’intégration du jeune porteur de TSA, il est bien souvent nécessaire de présenter ce handicap au milieu scolaire ou professionnel. Nous élaborons ensemble, sur plusieurs rendez-vous, les caractéristiques de son autisme et nous l’écrivons. Ensuite, nous réfléchissons à ce le jeune souhaite partager, ou pas, avec les autres de sa classe ou avec ses collègues. Nous nous positionnons aussi sur l’aide qu’il peut attendre des autres à la suite de cette présentation. Nous intervenons ensemble face à la classe et aux enseignants ou face à l’équipe de travail. Les bénéfices de ces interventions sont multiples car beaucoup de malentendus relationnels sont évités et les pairs savent mieux commet aider s’ils le souhaitent. Le jeune, quant à lui, fait l’expérience d’être accepté pleinement, sans avoir rien à cacher, et il progresse encore dans son apprentissage des codes sociaux propres à chaque environnement.

 

Il y a encore la possibilité de réaliser un travail individuel sur l'éducation affective et sexuelleEn fonction des capacités et des besoins de chacun, il est important de nommer et d'expliquer ce qu'est la vie affective et/ou sexuelle, de parler de consentement, de responsabilité, de protection contre les maladies sexuellement transmissibles et de contraception.

 

Parce qu’accompagner un enfant, ou un jeune, porteur de TSA, c’est aussi être à l’écoute des besoins de ses prochesAinsi, tous les rendez-vous psycho-éducatifs se font en présence d’un parent, qui me voit donc travailler avec son enfant, et peut alors me poser toutes les questions nécessaires à sa compréhension. Il peut, bien sûr, m’arriver de prendre le parent seul, surtout en début de suivi, et aussi de demander au parent de me laisser seule, une partie du rdv, avec le jeune. Le cadre s’adapte toujours à ce qui est déposé dans l’instant. De la même façon, des rendez-vous pour la fratrie sont régulièrement proposés afin d’expliquer le TSA et de répondre à leurs questions. En effet, les frères et sœurs sont toujours concernés par le handicap de l'un d'entre eux. Souvent très sensibles au poids que cela génère pour les parents, ils ne s'autorisent pas à dire ce qu'ils ressentent ou à poser leurs questions pour ne pas encore solliciter leurs parents.